Déterminée à tracer son propre chemin
Après avoir déjoué le diagnostic de nombreux professionnels de la santé en obtenant son diplôme de cinquième secondaire tout en étant dyslexique, Nathalie Bertrand ne s’est pas arrêtée là. La suite de son histoire est l’exemple parfait d’une volonté profonde de se dépasser pour trouver son propre chemin. Déterminée, Nathalie arrivera à compléter tous ses cours au cégep, fonder une famille de trois enfants et obtenir de bons emplois sur le marché du travail. Et ce n’est pas tout puisqu’elle deviendra une entrepreneure accomplie, ayant pour mission d’aider les autres à se dépasser et à réaliser leurs projets de vie. Femme de cœur désirant un monde meilleur, découvre le parcours inspirant de Nathalie Bertrand dans cet article.
Dépasser les attentes et les résultats
Après mon secondaire, je me suis inscrite au cégep en science naturelle avec l’objectif d’aller à l’université en psychologie pour les enfants. Je n’ai aucune difficulté à retenir tout ce qui touche le domaine médical. Par contre, j’ai dû revoir mon choix de programme lorsque j’ai réalisé que j’étais trop sensible aux histoires des enfants. Une forme de rage m’habitait et m’empêchait d’être objective dans mes démarches. Je me suis donc inscrite en technique d’orthèses-prothèses.
Pendant cette période, ma mère a eu un diagnostic de cancer. J’ai pris soin d’elle et j’ai obtenu un délai d’un an pour reprendre mes examens. Finalement, j’ai terminé tous mes cours en trois ans. Il ne me manquait qu’un seul point pour obtenir mon diplôme collégial, mais mes professeurs n’ont jamais voulu m’accorder ce point manquant. Malgré tous les efforts et le travail que j’y avais mis, je n’ai jamais obtenu mon diplôme. Ce fut un échec important dans mon parcours scolaire, mais heureusement, j’ai vite mis ça derrière moi.
Mes apprentissages étaient acquis, peu importe que j’aie ou non le diplôme.
Au début de mon cégep, j’avais décidé d’être heureuse. J’ai cessé d’aller à l’école dans le but de faire plaisir à d’autres personnes ou pour obtenir de bonnes notes pour mes parents. J’y allais maintenant pour moi. Et j’étais prête à me lancer dans une nouvelle aventure.
Tourner la page pour une nouvelle histoire
À la fin de mes cours, je me suis mariée et je suis tombée enceinte. J’avais toujours en tête ce que les professionnels de la santé avaient dit à mes parents à l’époque, c’est-à-dire que je devais me trouver un bon mari. Pour eux, c’était le seul moyen que je réussisse dans la vie.
À cette époque, nous n’avions que trois mois de congé de maternité. Je suis resté dix ans à la maison pour m’occuper de mes trois enfants. Quand mon troisième a eu deux ans, j’ai eu besoin de retourner sur le marché du travail et d’être dans un monde d’adultes. J’ai dû affronter mes peurs et les craintes que j’avais face à ma différence. J’avais peur de ne pas être à la hauteur et que ma dyslexie soit un obstacle à mon embauche.
Je savais ce qui était préférable pour moi, par exemple de me trouver un emploi qui n’avait pas de lien avec le calcul de l’argent. Je ne devais pas avoir la responsabilité d’écrire des documents importants sans l’aide d’une adjointe, mais tout le reste était possible. J’ai pris mon courage à deux mains et je suis allé faire des applications, mon CV sous le bras.
Un retour sur le marché du travail
En évaluant mes options, j’ai tout de suite pensé aux laboratoires en orthèses et prothèses qui n’avaient pas le temps de faire des démonstrations pour vendre leur matériel. J’avais toutes les compétences pour devenir représentante pour eux. Je comprenais la terminologie médicale et j’avais souvent été nommé dans les tops vendeurs dans mes précédents petits emplois.
Il n’y avait aucun poste d’ouvert. J’ai décidé de relever le défi, d’aller de l’avant et de proposer mon offre et les avantages que je pouvais leur apporter. Deux semaines plus tard, j’ai obtenu un emploi.
Quand les autres laboratoires ont réalisé que je venais de doubler les ventes, un d’entre eux est venu me recruter. J’ai ainsi eu accès à plusieurs opportunités comme celle-ci. Les entreprises m’offraient toujours de meilleures conditions.
Mes journées étaient bien remplies. Je chargeais et déchargeais mon camion pour aller faire des présentations aux professionnels et aux médecins. Je me changeais à même le camion avant d’aller les voir. Puis, j’ai commencé à être fatigué de ce rythme fou. À chaque fois que j’ai changé d’emploi, j’ai appris quelque chose de nouveau et j’ai dépassé mes propres limites.
Oser pour augmenter sa performance
Après dix ans comme représentante, une firme de recrutement de personnel m’a embauchée comme conseillère en emploi pour le personnel médical. Je devais placer des personnes de façon temporaire. À cette époque, nous n’avions pas accès aux médias sociaux ni aux dossiers électroniques. J’avais donc une pile de dossiers sur mon bureau. Je trouvais la façon de faire complètement ridicule. Passer mes journées à chercher des employés pour se faire dire que les postes étaient déjà comblés à la fin… C’était beaucoup d’énergie pour très peu de résultats.
J’ai réfléchi aux options et j’ai eu une idée. J’ai demandé à ma supérieure de changer la façon de travailler. Je souhaitais proposer des employés permanents à nos clients qui avaient des postes à combler. À ce moment, j’avais rencontré tous nos candidats et j’avais une bonne idée de qui ils étaient et ce qu’ils cherchaient comme emploi. J’étais convaincue d’être capable de trouver leur emploi de rêve. Ma patronne m’a fait confiance et déterminée, j’ai démarré un nouveau mode de recrutement performant.
Il n’y avait pas de sites Internet à ce moment.
Pendant cette période, j’ai développé un modèle d’entrevue qui n’existait pas, ni dans les entreprises, ni dans les universités. Lorsque je rencontrais les entreprises avec des besoins en recrutement, je leur faisais passer une entrevue très précise. Pendant cette entrevue, je leur demandais quelles étaient leur vision et leurs valeurs. Rares sont ceux qui comprenaient mes questions et ça me faisait toujours un peu rire. J’offrais la garantie de trouver la bonne personne, sinon je la remplaçais gratuitement. Alors, ils ont joué le jeu avec enthousiasme.
Être à l’écoute des opportunités
Mon département allait vraiment bien. Malheureusement, l’épidémie de syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) au début des années 2000 a compliqué mon travail. C’est à ce moment-là que la vie m’a ouvert une porte de plus. Une des chroniques, que je lisais régulièrement dans une revue, a changé ma vie. J’ai pris connaissance de ce qu’était le coaching. Je savais que c’était ma voie. La description du coaching était exactement ce que j’avais fait toute ma vie. C’était maintenant une profession. Mon coeur était fou de joie.
Je devais réussir à suivre la formation qui coutait 8 000 $, bien que je n’avais pas cet argent.
J’ai développé un projet que j’ai présenté à ma supérieure. Je proposais de créer un nouveau département de coaching pour les entreprises. Malheureusement, ma patronne n’a pas vu les avantages de tels services.
J’ai donc demandé qu’elle abolisse mon poste et je suis allé suivre la formation de coaching qui me parlait le plus, celle de Martha Beck en Californie. Une formation en ligne et en anglais. Tout un défi pour moi mais j’étais déterminée à la compléter. Onze mois de travail de traduction d’exercices et de pure passion. Tous les sujets entraient dans ma tête comme par magie. J’étais une éponge. Je pataugeais dans le bonheur. En fait, je ne savais pas exactement ce que je ferais de cette formation, mais je savais que j’étais sur le bon chemin.
Et maintenant entrepreneure… qui ça, moi!?
À la suite de ma formation, sans m’en apercevoir, les clients de coaching se sont succédé. Les rencontres en ont emmené d’autres et je me suis soudainement retrouvé entrepreneure. J’ai suivi des formations sur la comptabilité, sur le marketing, sur le réseautage, les médias sociaux et j’ai développé une entreprise à mon image.
Avec l’aide de l’université du web, comme j’aime bien surnommer Internet et YouTube, j’ai appris beaucoup sur la dyslexie. J’ai compris des choses, qu’on ne m’avait jamais expliquées, sur ma condition et mes défis. Entre autre, c’est à ce moment que j’ai appris que plusieurs personnalités influentes étaient aussi dyslexiques. D’abord, j’ai été abasourdie du fait que j’avais ignoré ça toute ma vie. Puis, j’ai su que je devais faire mon « coming out » de dyslexique et que je devais tendre la main aux autres comme moi qui se sentent différents.
Avant, je faisais tout pour éviter d’en parler, j’essayais de paraître « normale », mais ça devenait plus difficile et pesant sur mes épaules.
J’ai ressenti le besoin de dire au monde entier qu’être dyslexique n’est pas un défaut, ce n’est pas un handicap, mais une différence comme le fait d’être gaucher. S’accepter et se faire accepter, tel que l’on est, avec toute la splendeur de notre différence. Ne plus jamais avoir honte d’être la personne que nous sommes. À ce moment, j’ai compris que ma mission serait d’aider ceux et celles qui, comme moi, ont un parcours différent, à avoir de l’espoir, à être fort, à suivre leur propre voie et à embrasser leurs différences et leurs merveilleux talents.
Déterminée à mieux faire face aux défis
Les défis demeurent. Par exemple : si je veux retenir un mot ou quelque chose qui n’est pas dans ma zone de talent, je dois systématiquement me créer une histoire. Par exemple si j’écris le mot « carotte » spontanément, je vais plutôt écrire « karrote » avec un « k », deux « r » et un « t ». Pour tout ce que j’apprends, je dois y trouver une référence avec un de mes cinq sens sinon, je ne retiens rien. Alors, je dois visualiser la carotte, une racine ronde et des feuilles. La rondeur me fait penser au « c », la racine qu’il n’y a qu’un « r » et les feuilles me disent qu’il y a plusieurs « t ». C’est long… mais avant il n’y avait pas de correcteurs, de logiciels de relecture et autres technologies qui nous aident beaucoup aujourd’hui.
Maintenant, tout ce que j’entreprends me permet de me sentir bien, sans aucune obligation ni pression. Je souhaite seulement être heureuse et permettre aux personnes autour de moi d’avoir une belle vie. J’offre des conférences pour dédramatiser certaines situations, dont la dyslexie. Avec les entreprises, je partage l’« happy culture ». J’organise des sessions de « team building » et j’offre toujours du coaching privé.
En terminant, j’aimerais seulement que tu retiennes ceci: « Reste qui tu es! Ta différence est la clé de ton succès! »
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Inspirante, généreuse et authentique, sans oublier ta grande détermination. Merci pour ton partage Nathalie. Ton histoire m’émut à chaque fois que je la lis. Accepter la personne que nous sommes en cessant de nous comparer aux autres. Un travail qui peut nous prendre bien du temps, mais qui, une fois réalisé, nous ouvrira un monde de possibilités et d’opportunités. Merci Nathalie!
À bientôt!
Andréanne
Auteure : Andréanne Leduc, CPA, CA
Engagée à promouvoir des opportunités de développement personnel et professionnel
Article composé à partir d’une entrevue avec Nathalie Bertrand.
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