Dites-moi que ce n’est pas possible pour voir
D’Haïti au Québec, d’athlète à entrepreneur, Bruny Surin nous prouve qu’il est possible de se surpasser peu importe la situation. Lorsque 99% des gens lui disaient qu’il ne pourrait être meilleur que son idole, Carl Lewis, il a redoublé ses entraînements et ses efforts. Avec beaucoup de persévérance, il a réussi à atteindre son objectif. Une course de 100 mètres en un temps record lui a permis de devenir le deuxième homme plus rapide à courir cette distance. Bruny Surin a ainsi fait la preuve que lorsqu’on y croit vraiment, c’est possible. Voici l’histoire de son parcours en tant qu’athlète.
Avant d’être un athlète…
D’abord influencé par mes parents qui sont venus s’établir au Québec, seuls, pour préparer le terrain. Un an plus tard, lorsque j’avais sept ans, mon père est venu nous chercher, mes sœurs et moi. Je me souviens encore de la première chose que ma mère m’a dit en arrivant au Québec : « Ici, toutes les opportunités nous sont offertes ».
Nous offrir plus d’opportunités qu’en Haïti était la principale raison de notre installation à Montréal. Encore aujourd’hui, cette raison me guide dans mes décisions. Il y a tellement d’opportunités au Canada, un pays démocratique et libre. Rapidement, je me suis concentré à chercher et trouver ces occasions. Évidemment, ça n’a pas toujours été facile. J’ai rencontré de nombreux défis que j’ai réussi à surmonter.
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La rocambolesque aventure du sport dans ma vie
Trouver l’inspiration d’un autre athlète
J’ai toujours pratiqué un sport. En Haïti, c’était le soccer comme bien des enfants. En arrivant au Québec, mon cours préféré à l’école était l’éducation physique. J’ai toujours excellé dans les différents sports que je participais.
Puis, en première secondaire, lors du rassemblement sportif avec plusieurs écoles pour participer à des compétitions régionales « Les Olympiades », un entraîneur m’a approché. Il voulait que je m’entraîne en athlétisme, en commençant par le triple saut et le saut en longueur. À cette époque, je n’étais pas du tout intéressé.
Mon sport favori était le basketball que je pratiquais avec mes amis après l’école. C’était ce sport que j’aimais. L’athlétisme ne m’attirait pas vraiment.
Cet entraîneur, Daniel St-Hilaire, est venu me rencontrer l’année suivante lors de ce rassemblement annuel, lorsque j’étais en deuxième secondaire. J’ai encore refusé sa proposition. Il est revenu l’année suivante puis l’année suivante et encore la suivante lorsque j’étais en cinquième secondaire.
Durant ma dernière année au secondaire, il y avait les Jeux olympiques de 1984 à Los Angeles. J’adorais regarder les Jeux. Puis, j’ai subitement eu un coup de cœur pour Carl Lewis, un athlète américain qui avait gagné quatre médailles d’or. J’ai voulu être comme lui. Lorsque Daniel est venu me voir pour la cinquième année consécutive, cette fois-ci j’ai accepté de m’entraîner avec lui.
Vaincre les échecs et les déceptions
Mon rêve ultime était de courir plus vite et de sauter plus loin que Carl Lewis. À ce moment, 99% des gens n’y croyait pas. La majorité des personnes me disaient d’arrêter de rêver en couleur.
Mon entraîneur, Daniel, était l’un des seuls à m’encourager. Nombreux ont été ses conseils que j’utilise encore aujourd’hui. L’une des techniques qu’il m’a enseignée comme athlète, est la visualisation. Pendant des années, j’ai visualisé que j’allais passer la ligne d’arrivée avec un temps record.
Ça peut paraître simple mais en fait, lorsque je visualisais les événements que je souhaitais qu’ils se produisent, tout devenait de plus en plus réel et atteignable.
La visualisation m’a permis d’augmenter ma confiance en moi. Cependant, ce n’est pas toujours évident à réaliser. J’ai connu beaucoup de déceptions durant ma carrière d’athlète. Plusieurs fois, les gens m’ont fermé la porte au nez, les gens riaient de moi et me ridiculisaient. Lorsque j’ai commencé à courir le 100 mètres, les gens me disaient que je n’étais pas assez fort pour faire ces compétitions.
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Une drôle de course…
Je me souviendrai toute ma vie d’une course en Italie dans la ville de Rieti pour laquelle j’avais finalement été accepté. L’organisateur m’avait dit de me rendre à la station de train et qu’une personne allait m’attendre à cet endroit pour m’amener sur le site. À mon arrivé, il n’y avait personne. Je ne comprenais pas un seul mot italien. Puis j’ai remarqué le mot stadio, signifiant stade. Alors, j’ai embarqué dans un taxi en répétant sans cesse ce mot.
Une fois sur le site, la course était terminée. Je ne comprenais plus rien. J’ai été voir l’organisateur qui m’a tout simplement ignoré. Il n’y avait aucune chambre d’hôtel ni de repas prévus pour moi. Heureusement, un des athlète que je connaissais, à qui j’ai raconté mon histoire, m’a gentiment offert de partager sa chambre pour la nuit et est venu me reconduire le lendemain.
Devenir un athlète, un investissement pour la vie
L’entraînement était intense. En moyenne, je passais cinq heures par jour à faire ma routine de mise en forme, alternant le renforcement musculaire et la course, incluant l’endurance de vitesse. Je m’entraînais à courir deux cents à trois cents mètres et à courir plus vite et plus longtemps que ce que j’allais devoir faire dans mes compétitions. L’objectif était que ce soit, d’une certaine façon, plus facile lors des compétitions.
Il n’y avait pas seulement l’entraînement physique qui était important, la volonté et la motivation devaient être constamment présentes, sans quoi il n’aurait pas été possible pour moi de poursuivre. À plusieurs reprises, je me disais que ça n’avait aucun sens de m’entraîner à ce point-là juste pour un millième de seconde.
Mon entraîneur me disait toujours : « Si tu ne le fais pas, tu n’atteindras pas ton objectif d’athlète. Tu investis dans ta carrière comme si tu investissais à la banque. Aucun effort ne sera gaspillé, tout sera investi. »
Mes entraînements, mes défis comme athlète
Je m’entraînais avec mes objectifs écrits sur un bout de papier directement sous mes yeux. Ça m’a aidé à garder le focus sur l’atteinte des résultats que je m’étais fixés. Un autre moyen que mon entraîneur avait trouvé pour me motiver était de me faire croire que le record du monde était bien meilleur que le réel. Je me rappelle pour le saut en longueur, le record du monde était de 8 mètres 90, mais mon entraîneur m’avait toujours dit que le record était de 9 mètres 44.
Ça peut paraître étrange mais en fait, tout était bien réfléchi. Mon entraîneur conditionnait mon cerveau à croire, comme une pure vérité, que ce résultat était le réel pour me pousser dans chacun de mes entraînements à l’atteindre. Lorsque j’ai réalisé que j’étais le seul à croire que le record du monde était de 9 mètres 44, j’étais furieux contre mon entraîneur.
Il m’a expliqué qu’en conditionnant mon cerveau, je pouvais lui faire croire n’importe quoi. Quand j’ai compris son stratagème, je l’ai appliqué lorsque 99% des gens me disaient que ce n’était pas possible de courir plus vite que l’athlète Carl Lewis. J’ai continué d’être convaincu qu’un jour j’allais le faire.
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Les efforts finissent par récompenser
Quinze ans plus tard, après toutes ces années d’entraînement physique et mental accompagné de nombreuses blessures, à l’âge de 32 ans, au Championnat du monde à Séville en 1999, j’ai gagné la médaille d’argent. Je venais de faire ma course de 100 mètres en 9 secondes et 84 centièmes. À cette époque, je me suis classé le deuxième homme le plus rapide de tous les temps sur cette distance.
Encore aujourd’hui avec l’arrivé des jamaïcains aux Jeux Olympiques comme Usain Bolt, je demeure le septième homme le plus rapide de tous les temps. L’atteinte de mon objectif n’aurait pas été possible sans mon entraineur, Daniel, et grâce à l’éducation de mes parents. Ils m’ont appris à croire en moi et que je dois travailler très fort pour obtenir ce que je veux. Aussi, le support de ma conjointe, qui a sacrifié sa carrière pendant sept années pour être mon agente et le support de mes enfants font maintenant de moi un homme heureux et accompli professionnellement.
Je te partage la suite de mon histoire et des défis que j’ai surmontés lors de mon passage d’athlète à entrepreneur dans cet article : Le monde des affaires après la vie d’athlète.
À bientôt!
Andréanne
Auteure : Andréanne Leduc, CPA
Engagée à promouvoir des opportunités de développement personnel et professionnel.
Article composé à partir de réponses ‘audio’, à un questionnaire, fournies par Bruny Surin
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