Dépassement de soi

Débuter un doctorat avec une vie bien remplie

Jean-François Perron a toujours aimé acquérir de nouvelles connaissances et aller au fond des choses pour mieux les interpréter et les comprendre. Alors qu’il croyait avoir fait le tour de sa formation universitaire après deux BAC et une maîtrise, la passion de son expérience professionnelle de chercheur lui a fait poursuivre ses études jusqu’au doctorat en sciences de l’orientation. Cependant, avec un bon emploi, une famille, un cercle social, des responsabilités, ça devenait tout un défi de trouver le temps et l’énergie pour réaliser de telles recherches. Jean-François nous raconte comment il a surmonté ses défis et passé à l’action à la découverte de cet univers de chercheurs.

 

Les balbutiements avant la concrétisation

Dans ma vie professionnelle et personnelle, mon désir d’aller au fond des choses en développant mes connaissances au maximum a toujours été omniprésent.

Depuis l’an 2000, j’étais responsable de l’approche orientante dans mon milieu de travail et des ressources dans la Commission scolaire. À cette époque, la stagiaire de maîtrise qui travaillait à mes côtés a décidé de parler de moi à France Picard, directrice de mon doctorat. Elle m’a invité à faire des conférences dans ses cours en 2009. Puis en 2011, elle m’invitait à joindre son équipe de recherche. À ce moment-là, je ne savais pas encore que le doctorat serait mon prochain projet de vie. Mes quelques années comme professionnel de recherche, à côtoyer des professeurs géniaux et à travailler avec une équipe de recherche dévouée, m’a donné le goût de recommencer des études universitaires.

Avant de débuter mon parcours de recherche doctoral, j’ai dû passer un examen. J’avoue que les jours et les semaines juste avant ont été très éprouvants. Je ne croyais pas y arriver. Il y avait tellement de choses à compléter et à maîtriser. Je me rappelle attendre mon résultat dans le corridor sans être capable de tenir en place. À ce moment-là, mes options étaient très simples. Si mes efforts n’avaient pas été suffisants, c’était ici que mon parcours allait se terminer.

 

L’aventure commence… et les défis aussi

Lorsque la directrice des études supérieures m’a invité à entrer dans le local, j’ai eu l’impression que mon cœur allait cesser de battre. Puis, ils m’ont fait part de leur évaluation et de ma réussite. Un immense soulagement et un sentiment de fierté m’ont envahis simultanément. Je me souviens être devenu émotif et leur avoir expliqué un peu ma vie « chargée ». Je venais de me faire confirmer que j’avais ce qu’il fallait pour poursuivre mes démarches et entamer mon doctorat.

C’est en 2013 que j’ai débuté mes études doctorales. Il faut dire que l’appui de ma conjointe et l’enthousiasme de ma directrice de doctorat au regard de mon projet ont certes pesé dans la balance. À partir de ce moment, mon retour aux études créait mon plus grand défi de concilier ma vie professionnelle, mon couple, ma famille et nos cinq enfants, mes loisirs et mes études entre tout ça.

Je dois dire que lorsque ma conjointe m’a dit : « Dans ce projet-là, j’embarque avec toi! » Ça m’a donné l’énergie et la force de me concentrer à la réussite de mon doctorat.

N’ayant pas reçu d’aide financière substantielle de la part d’organismes nationaux reconnus pour la réalisation de mon doctorat, je devais trouver une solution. Pour être en mesure de prendre parfois une semaine de congé de mon emploi pour travailler sur mon projet, tout en continuant d’assumer mes dépenses, dont les frais scolaires, j’ai postulé à plusieurs bourses d’organismes de plus petite envergure. Finalement, la Faculté des Sciences de l’éducation de l’Université Laval, avec ses bourses de cheminement, et le centre de recherche CRIEVAT sont les deux organismes qui auront fait la différence au niveau financier, puisqu’ils m’auront permis de prendre des congés tout en subvenant au besoin de ma famille.

 

Mes influenceurs

J’ai lu quelques livres qui ont grandement influencé mon parcours. Le premier qui me vient en tête est celui d’Edgar Morin « Le paradigme perdu, la nature humaine » paru en 1973. Ce livre a nettement influencé mon désir de voir la complexité de la vie et des choses. Son approche multidisciplinaire était déjà clairement campée. Il est tellement d’actualité près de 50 ans plus tard.

Un autre livre, davantage sur la croissance personnelle ou du courant existentiel de Scott Peck : «Le chemin le moins fréquenté», 1990, fut également très important dans la compréhension de mes mécanismes de protection et dans le pardon de soi. Je dirais surtout que cet ouvrage m’a accompagné dans l’acceptation de la réalité et que la vie est ce qu’elle est et qu’elle ne demande pas « Si cela c’est juste et bon ». Ce livre est assurément la première ouverture à de futures psychothérapies dans ma vie.

Plusieurs de mes références datent, mais ils sont tous à l’origine de mon introspection, de mon désir de pousser mes connaissances et à mon élan irrésistible de tenter de répondre au pourquoi des choses. C’est amusant, parce que lorsqu’on fait un doctorat, on nous forme pour être chercheur. Le sentiment d’imposteur est parfois présent. Pourtant, je me considère comme un « chercheur » de sens depuis bien longtemps.

 

Conciliation et apprentissages

Pour m’aider avec mon défi de conciliation travail-famille-études, j’ai réussi à organiser mon horaire avec beaucoup de planification. Je travaille tout le temps avec un agenda. Pour mon projet doctoral, j’indique des sous-objectifs avec des échéanciers et je planifie le plus possible chacune des parties de mon projet. Afin de réaliser chacune des étapes, je gèle littéralement des périodes dans mon horaire et j’essaie d’en estimer le temps.

Retourner sur les bancs d’école après tant d’années, c’est tout un défi! Cependant, les recherches que j’ai faites par l’entremise de mon doctorat ont été d’excellentes ressources. J’avais des idées assez arrêtées sur plusieurs sujets avant de débuter cette démarche. Le doctorat m’a permis d’apporter de la nuance à mes propos et de l’humilité à mes idées. Je dirais que cette recherche a fait de moi un meilleur clinicien.

 

Bien s’entourer pour bien réussir

L’appui de ma conjointe dès le début de ce projet ambitieux a fait sans aucun doute une grande différence. Il ne faut pas négliger les répercussions potentielles de l’appui de nos proches sur la réussite de nos projets de vie. Qu’on le veule ou non, ils en font aussi partie.

En plus de ces personnes près de nous, il y a tellement de gens qui doivent être à nos côtés dans ce type de projet. Des gens qui croient en nous, des gens qui nous appuient, des gens qui nous remettent en question et nous ‘ challenge ‘. Je dirais que c’est toute ma vie que j’ai pris pour construire et faire exister ce projet. Ma mère m’a donné une solide rigueur dans ce que j’entreprends et un soin particulier à la qualité de mon français. Des enseignants marquants durant mon parcours scolaire m’ont aidé à développer mon sens critique et le plaisir de pousser plus loin mes connaissances. Ce n’est pas un projet personnel, c’est toute une collectivité qui m’a accompagné et qui m’accompagne encore.

 

À bientôt!

Andréanne


Auteure : Andréanne Leduc, CPA, CA

Engagée à promouvoir des opportunités de développement personnel et professionnel.

À partir des réponses à un questionnaire complété par Jean-François Perron.


AVIS D’EXPERTS ET RESSOURCES

La prise de décisions commence par les émotions

Conciliation travail-famille, quel est l’élément clé?

« Le paradigme perdu, la nature humaine », Edgar Morin (1973)

«Le chemin le moins fréquenté», Scott Peck (1990)